Tandis que les données (data) prennent une importance considérable dans la stratégie des entreprises, tous les professionnels ne sont pas au même niveau pour les décrypter.
Le datastorytelling apparaît comme l’une des solutions pour vulgariser les données. Explication avec Kilian Bazin, co-fondateur de Toucan Toco.
Qu’est-ce que le datastorytelling ?
Le datastorytelling est dans l’entreprise ce que le data journalisme est dans la vie publique. Le journaliste spécialisé dans la donnée a pour objectif de vulgariser des sujets austères et compliqués pour les rendre accessibles au grand public. Le même type de pratique existe dans l’entreprise qui consiste à démocratiser l’accès à l’information, en racontant des histoires avec les chiffres. A Toucan Toco par exemple, nous nous sommes rendus compte que les professionnels manquaient de technologie pour exploiter la data. C’est pourquoi nous avons développé un outil à destination des professionnels non experts en data. Ce dernier s’apparente à un petit journal de son business et permet de répondre à des questions très simples.
Quelle est la différence entre la datavisualisation et le datastorytelling ?
La datavisualisation consiste à présenter des données sous la forme de graphiques et de tableaux interactifs lisibles. Cependant, il ne suffit pas de mettre en valeur des chiffres pour pouvoir les exploiter, il faut expliquer le message qui se cache derrière. C’est là qu’apparaît le datastorytelling.
A qui s’adresse cette technologie ?
Elle concerne tous les secteurs et aussi de nombreuses fonctions : marketing, direction financière, ressources humaines, la direction commerciale et générale, la direction des systèmes d’information, etc. L’outil est universel et s’adapte à la demande de tous. Pour notre part, nous travaillons avec des grandes organisations comme EDF, JCDecaux ou encore Marque Avenue. Je suis persuadé que toutes les entreprises devront pour performer être équipées d’un outil de datastorytelling pour les fonctions pilotes.
En quoi le datastorytelling répond-il à un besoin actuel ?
Pour moi, cette technologie répond à la multiplication des sources de données. Les professionnels qui ne sont pas experts en data doivent avoir la garantie d’avoir le bon chiffre sous les yeux. La capacité à scénariser l’information et à la mettre dans un outil qui s’apparente à un petit média est importante.
Par ailleurs, les collaborateurs ont constaté qu’ils utilisaient déjà dans leur vie personnelle des applications mobiles très simples pour réaliser des opérations simples comme trouver un horaire ou prendre un billet de train. Ils souhaitent ainsi retrouver cette simplicité d’usage dans leurs activités professionnelles, notamment grâce au datastorytelling dans le domaine du suivi de leur activité. Cet outil vient marquer l’avènement d’une nouvelle ère où les gens souhaitent un haut niveau de simplicité dans la forme, quand bien même le fond reste de la donnée, des analyses et des décisions à prendre.
Dans un article sur lemondeinformatique.fr vous indiquez qu’avec le datastorytelling, la prise de décision devient émotionnelle. En quoi les émotions permettent-elles de faire le bon choix ?
Contrairement à ce que l’on peut croire, la prise de décision n’est pas seulement rationnelle mais fait appel aussi aux émotions. Pour que vos interlocuteurs retiennent vos informations, il faut les hiérarchiser et les associer à une histoire, à un fil conducteur pour donner les moyens de faire un choix. Le datastorytelling est la mise en œuvre de ce principe, les hommes étant moins sensibles aux statistiques qu’aux histoires. Pour comprendre ce phénomène, je prends souvent la métaphore du dictionnaire et du roman. Pourtant constitués de mots identiques, on retiendra beaucoup plus facilement l’histoire du second que les définitions techniques du premier.
Où en sommes-nous en France ?
Il est vrai que les Etats-Unis sont le pays du storytelling. Mais nous n’avons pas à rougir en France. Techniquement, nous avons pu constater qu’il y autant de lignes de code produites dans l’Hexagone qu’outre-Atlantique. Les entreprises vont y venir petit à petit.